P’tit âne à Cannes | Titane

Je suis gonflé à bloc pour proférer les pires saloperies audibles par un humain. Vous voilà prévenus (et pas d’écriture inclusive dans mon monde qui inclut très bien sans avoir à montrer son q, poils au q, ça va de soi -jeu d’été : trouvez le mot derrière -hihi- la lettre q mystère).

D’abord, Julia Ducournau. J’ai consacré un peu de temps à la découverte du personnage en particulier en écoutant quelques-unes de ses interviews. J’ai renoncé rapidement car j’ai autre chose à faire que d’essayer de comprendre quelqu’un qui a l’évidence 1) ne sait pas s’exprimer 2) ne sait pas elle-même ce qu’elle dit 3) n’a rien à dire.

En revanche, cela ne l’empêche pas de parler avec cette assurance caractéristique que donne l’autosatisfaction narcissique d’être soi-même. Faire « khâgne », « hypokhâgne » (tiens, caca cagne tant qu’on y est), puis la si prestigieuse Femis, ne sert ni à apprendre à s’exprimer ni à structurer sa pensée, mais à habiter la planète où l’élite vitupère son contentement aveugle d’être soi aux pauvres terriens que nous sommes, docilement empêtrés dans cette discrète, impressionnable et sensible intelligence si profondément humaine.

Résumons : Julia Ducournau n’a rien à dire mais à très envie de parler et fait partie de l’élite. Elle peut donc faire : de la politique, du journalisme ou du cinéma. Ajoutons que dans cette incapacité à produire un discours articulé, on discerne un personnage sous l’emprise d’une impulsivité qui la conduit vers les territoires inexplorés de son intimité psychique (où ses mots s’écrasent lamentablement). Là évidemment, le cinéphile prend peur car il sait que Julia Ducourneau fera des films thérapeutiques autour de son nombril tout en étant sincèrement convaincue de s’adresser à la ville et au monde. Je ne dirai pas que cette « urbi et orbi » attitude définit la posture du cinéma français dit d’auteur, non je ne le dirai pas.

Comme prévu, Julia Ducournau réalise donc des films psychiquement secoués, marqués avant tout par l’urgence de vidanger son ego incontrôlable sur un public nécessairement consentant. « Grave » avait déjà été pour moi un calvaire malsain et désagréable, interrompu à mi-course.

Cannes, maintenant. « Titane » a donc obtenu la fameuse Palme d’or. Inutile de s’arracher la tête (j’ai essayé). Ceci respecte l’ordre social : l’élite s’autocongratule pour marquer son territoire. C’est sa force, sa raison d’être et surtout, la condition de sa survie.

Evidemment je n’ai pas vu « Titane » et bien sûr, n’y allez pas (sauf, si vous êtes de l’élite : alors, que faites-vous ici ?) ! Il est fatal que le cinéphile déserte Cannes, comme le démocrate le plus enragé, l’isoloir. Regardez l’univers et voyez notre monde : des planètes tournent les unes autour des autres sans jamais se rencontrer. Et la révolution direz-vous ? En astronomie elle est aussi l’impossible rencontre. Vive le cinéma !

Franz.