Ce qu’il faut de coups et de rage, plaidoyer pour Benoît Hamon

Benoît Hamon,

Tu es une évidence politique inespérée. Tes idées supplantent toute autre pensée politique. Le Revenu Universel d’Existence (RUE) est sans aucun doute l’unique projet politique visionnaire dans un accablant, immuable et grandissant désert politique.

Pourtant, te voilà cinquantenaire retraité, ancienne tête de liste laminée et animal politique en voie d’extinction.

Je lis ton livre secoué de tous les signes d’acquiescement, d’accord et d’approbation. Tu n’as pas à me convaincre : tes idées sont en moi aussi sûrement que mon coeur bat.

Alors, je me dis qu’il faut jeter la plume trempée dans l’encre de l’entendement éclairé pour crier plus fort, creuser plus profond, filer des coups et gueuler sa rage. Depuis Trump, le ridicule n’est plus à craindre.

Il faut crier que le RUE doit être universel, inconditionnel et individuel. Tu l’écris très bien, il faut maintenant le gueuler très fort.

Mais il faut rajouter : il doit être aussi non contingent, c’est-à-dire ne pas apparaître comme une solution contemporaine à un contexte de crise chronique généralisée de l’emploi et à travers lui, du travail et de la place centrale que celui-ci occupe dans notre société.

La raison du RUE est plus primordiale, originelle et intemporelle.

Elle palpite selon moi au coeur même de la condition humaine.

Un seul et unique trait commun à tous les hommes détermine leur égalité fondamentale : être jeté, par la naissance, dans l’existence sans en avoir eu en aucune façon la liberté de choix. Naître est la première privation de liberté qui définit notre égalité primordiale. Il n’y a aucune autre égalité entre les hommes que celle-là : Cette égalité, impérissable, première, unique, de chacun avec tous nous accompagne jusqu’à notre mort (le suicide ne permet pas à la mort de disputer à la naissance cet incomparable statut).

Il y a dans cette vérité première aussi triviale dans son indiscutable évidence que vertigineuse dans ses conséquences, l’argument suffisant pour faire du RUE un droit individuel, universel, inconditionel et inaliénable.

C’est tout simplement parce que l’homme n’a pas choisi son existence, qu’il n’a par conséquent aucun devoir à la « gagner ». Le hasard de la naissance, le surgissement toujours inintentionnel dans la vie doit s’accompagner d’un droit à exister pour faire de la vie subie une existence nécessaire.

C’est cette tâche primordiale ignorée depuis toujours par tout pouvoir politique qu’entreprend le RUE : faire de la vie hasardeuse (seule égalité fondatrice de l’humanité), une existence nécessaire et de cette communauté de destin enfin reconnue, une civilisation nouvelle débarassée de ses mythes eux-mêmes régentés par le monarque travail.

Sans nul doute, il y faudra des coups et de la rage. Puisses-tu en être !!?

Générationeusement,

Franck.