Il y a, dans l’emploi supposé fictif d’assistante parlementaire de Pénélope Fillon, au moins 4 niveaux de scandale.
> Qu’un élu puisse salarier un membre de sa famille. C’est tout simplement de l’oligarchie : le pouvoir décide arbitrairement qu’une minorité de personnes constitue une classe dominante.
> Qu’il n’y ait aucun contrôle de l’effectivité de l’emploi occupé. L’élu est employeur et contrôle lui-même….
> Que le salaire puisse être aussi considérable. Le plafond initial de 4750 € (entre mari et femme) à été porté jusqu’à 7900 € ! (l’astuce : Pénélope Fillon était déclarée assistante du suppléant de son mari). Il ne suffit pas alors selon moi que l’emploi ne soit pas fictif. Il faut aussi et surtout justifier que le travail fourni mérite cette somme hors norme (salaire moyen net en France : 2202 €). Or, on peut légitimement en douter. Le débat ouvert apparaît en conséquence bien fallacieux et n’a finalement à mes yeux guère d’objet. L’emploi exercé par Mme Fillon est à ce titre forcément fictif.
> Que chaque député dispose d’une enveloppe de 9 561 € destinée à rémunérer leurs assistants (en sus d’un salaire de 7 100,15 €). Je ne vois là qu’insupportables privilèges, vestiges d’un régime monarchique toujours en place (la masse salariale annuelle des 577 députés est donc de 115 millions et 361 802,6 € exactement).
Pour conclure, ce fait met clairement en évidence l’imposture des principes d’égalité et de liberté devant la loi proclamés avec tant de solennité incantatoire dans nos textes constitutionnels. « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (art. 4) » nous dit la Déclaration de 1789. Et bien c’est faux, quand le « pouvoir faire » de Mme Fillon (recevoir 4900 € d’argent public de son mari sans condition) n’a rien à voir avec celui du citoyen lambda et quand les les « bornes » de la liberté qui « ne peuvent être déterminées que par la Loi » selon le même texte, ne le sont justement pas. Lorsque la loi est injuste, les citoyens auxquels elle s’applique ont toute la liberté de ne pas avoir de morale.
Une conclusion analogue s’applique évidemment au second emploi supposé fictif de Mme Fillon à la Revue des 2 mondes. Il suffit pour cela de remplacer le « pouvoir faire » de la peut-être future première dame de France, par « recevoir d’un ami en salaire privé 100 000 € sans condition ».
Enfin, ces faits mettent directement en cause un ancien député, ministre, puis premier ministre de la France : François Fillon, a eu le pouvoir législatif puis exécutif, de corriger une loi injuste. Or, il en aurait surtout profité.
Il découle de ces observations que M. Fillon, contrairement à sa moralité autoproclamée, n’en aurait pas, car ses actes trahissent une conception de l’homme ni juste, ni solidaire et surtout pas égalitaire.
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Sources : Libération du 26/01/2016 | http://www.leblogpatrimoine.com/bourse/statistique-sur-les-revenus-et-le-niveau-de-vie-des-francais-en-2016.html | http://www.marianne.net/voici-les-2-notes-100000eu-penelope-fillon-revue-deux-mondes-100249455.html
Fort bien écrit et tellement vrai !
Il y a depuis une semaine un 5ème scandale : M. Fillon ne remet pas sa candidature en question et crois encore qu’il peut être élu. Sa seule motivation est peut-être désormais de devenir intouchable comme nombre de ses prédécesseurs avant lui.