La politique est une pratique de gouvernement d’une société. Elle est exercée, dans une démocratie représentative, par des élus grâce aux suffrages d’une majorité des hommes constitutifs de cette société qui leur confient la responsabilité de servir l’intérêt du plus grand nombre.
Cette première réponse offre plusieurs zones d’ombre dont une seule pourtant retiendra mon attention. Elle contient un mot qui à mes yeux exige d’être questionné en priorité car il renferme la réponse à notre question de départ : l’Homme.
Qu’est-ce-que l’Homme ?
Cette question n’a pas de réponse immédiate, simple et définitive.Pourquoi ? A cause de la diversité des Hommes. Quoi de commun entre Einstein et Hitler ? Il faudrait, pour répondre, trouver le point commun à tous les Hommes et retenir une définition « moyenne », appauvrie de ce que l’Homme fait de mieux ou de pire. Ce serait absurde. La solution est donc de renoncer à trouver une réponse. Et d’accepter de vivre non pas en tant qu’Homme mais avec l’idée que l’on a de lui.
On peut d’ailleurs être aussi un Homme sans se poser pour autant cette question ou tout simplement, sans savoir y répondre.
Pourtant, nous vivons tous à partir d’une idée de l’Homme ou à l’inverse, notre façon de vivre renseigne sur cette idée. Consciente ou non, l’idée que l’Homme se fait de l’Homme fait de lui… un Homme.
Cette idée de l’Homme nous est apportée par l’Homme que nous sommes et les Hommes que nous rencontrons concrètement ou en imagination (la lecture par exemple, est une rencontre). On peut imaginer que celui qui ne rencontre aucun Homme pensera que tous les Hommes lui ressemblent. S’il est artiste, son idée de l’Homme sera : « l’Homme est un artiste ». Si ce même Homme multiplie les rencontres réelles ou imaginaires, son idée de l’Homme pourrait être : « l’Homme est ou non un artiste ».
Finalement, chacun son idée et ce débat est vain ?
Non. A cause de la vie en société. Vivre ensemble suppose le partage d’une même idée de l’Homme ou tout au moins, d’idées de l’Homme compatibles entre elles.
Or, qui se charge de faire en sorte que les Hommes vivant dans une même société aient des idées de l’Homme qu’ils acceptent de partager ?
Pour moi, c’est la politique. Elle a pour rôle premier de fixer, de proposer explicitement, puis de maintenir une idée de l’Homme. C’est une mission fondatrice de la société qu’elle se propose de gouverner. L’institutionnalisation de cette idée la transforme en quelque sorte en définition « officielle » de ce qu’est l’Homme. Définir et appliquer un programme politique à partir de cette idée est un rôle second.
Or, je considère qu’aujourd’hui la politique n’assure pas ce rôle premier. Les batailles permanentes entre programmes concurrents attestent d’une focalisation insensée sur son rôle second. Plus encore, la diffusion d’idées de l’Homme implicites se trouve favorisée dont certaines peuvent être contraires justement à la possibilité de tout partage, voire même, d’une société. Il en est par exemple ainsi du libéralisme qui, comme je le développerai ailleurs, dissimule selon moi un fascisme.
Ce manquement de la politique à ce rôle premier relève d’un déficit constitutionnel. Une idée de l’Homme acceptée par tous les hommes mais aussi la responsabilité de l’exercice de la politique vis-à-vis de cette idée doivent être clairement affirmées dans une nouvelle Constitution.
Ce manquement explique à la fois le morcellement d’une société orpheline d’une idée commune de l’Homme et le naufrage des gouvernements que je constate avec d’autres en France ou à l’étranger.