Un tout tout petit petit soir, noir.

19h30. Appel téléphonique hebdomadaire à ma maman. Ouf, elle s’est remise du covid. A 83 ans, c’est pas rien. Je me suis servi un Ricard, Agnès, un verre de vin, notre fils Timothée, 12 ans, de la limonade. 19h50. Pas de télé chez nous, radio étrangement éteinte. Dix minutes floues de connexions perturbées entre smartphone et ordinateur. Saturation du réseau sans doute. 19h58. Les journalistes cultivent le vide et moissonnent le rien. 20h. La tête attendue s’affiche. « Je m’y attendais, mais je suis déçu » dit mon fils. Orphelin de mots, j’ai pas mieux et marmonne autour d’un sentiment de néant intérieur. Il y a un deuil chez nous où voter est depuis longtemps impossible, comme la fin d’un monde où la politique vient de mourir. 20h10. Notre fils se connecte à « Friends », nous, au film Délivrance, excellente adaptation d’Adler-Olsen. Je suis si content pour ma mère. L’air gronde d’une multitude bafouée. Un air pas beau de Baudelaire : « L’espoir vaincu, pleure et l’angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plante son drapeau noir ».